Il y a quelques jours, dans la paisible commune d’Ouveillan, près de Narbonne, à l’extrémité orientale de la 1ère circonscription de l’Aude, où se trouve partie de mes origines, a été découvert sur le mur de la Mairie chère à mon ami Jean Paul Chaluleau qui en est le locataire, le dessin d’une croix gammée.

Ce geste, qui déshonore notre territoire, que l’on doit à un individu qui demeure à ce jour inconnu et qui fait référence aux nazis et à l’anti-sémitisme, est aussi con qu’intolérable.

Il est vrai qu’au deuxième tour de l’élection présidentielle sur cette commune, comme au sein de tant d’autres dans notre département, une majorité d’Ouveillannais, soit 757 d’entre eux, a voté pour Marine Le Pen.

De là à penser que cette triste situation a pu donner des ailes à celui (ou celle) qui a cru pouvoir affubler la maison du peuple de l’horrible signe qui symbolise les dernières réalisations ignominieuses de l’extrême droite nationaliste et fascisante dont la candidate du RN est, ne lui en déplaise, l’actuelle héritière dans notre pays, il n’y a qu’un pas que je n’hésite pas à franchir…

Ce triste épisode doit être l’occasion d’apporter tout notre soutien au Maire, aux élus et à tous les Ouveillannais, mais aussi de rappeler simplement quelles sont les caractéristiques de cette extrême droite qui essaye d’avancer masquée et contre laquelle il faut se mobiliser et ne jamais cesser de lutter.

Malgré cette menace, le 24 avril dernier, une (large) majorité de Français a décidé de réélire Emmanuel Macron à la Présidence de la République et nous avons donc, conformément à notre processus démocratique, choisi de continuer à changer positivement notre pays en préférant reconstruire que démolir.

Dans un mois et demi, à l’occasion des élections législatives, il faudra donner au Président une majorité de soutien à l’Assemblée Nationale et combattre d’ici là toutes velléités de paralyser notre pays en barrant la route du Palais Bourbon aux candidats LFI ou RN qui ne souhaitent que démolir.

Agissons pour dissuader les citoyens, vivant dans nos campagnes notamment, de réitérer un vote «de repli» en faveur des candidats de la seule démolition.

J’en appelle à ceux qui tendent à se laisser aller au vote pulsion pour MLP, qui est le résultat de la haine et du rejet voués aux partis traditionnels qui n’ont pas su en 30 ans de pouvoir exercé en alternance, sortir d’un immobilisme coupable associé à la peur de plus en plus présente de n’avoir d’autre perspective pour les années à venir que celle de s’isoler afin d’échapper à un mal être éprouvé au quotidien.

Le RN se nourrit de ce mal être qu’il amplifie chez les gens qui croient, en se fourvoyant, en sa capacité à solutionner leurs problèmes. C’est le cercle vicieux du populisme d’exclusion.

En effet, en jouant avec nos plus bas instincts, le RN a ouvert une faille devenue une voie dans laquelle se sont engouffrés des millions de suffrages le 24 Avril 2022.

Ce vote ainsi massivement recueilli apparaît néanmoins comme principalement « défoulatoire », le RN ne présentant objectivement aucune solution réalisable, le but visiblement poursuivi se bornant à vouloir démolir ce qui reste de notre cohésion nationale sans aucun plan sincère et viable de reconstruction.

Qui peut prétendre sérieusement aimer la France et en même temps s’engager dans cette voie nationaliste sans issue qui mène au défoulement certes, mais surtout à l’isolement, au repli sur soi et à la précipitation de notre pays dans le chaos.

Ne nous trompons pas, le RN ne résoudra pas les problèmes des Français car il a besoin de nos problèmes pour exister.

Seul Emmanuel MACRON, dans son second et dernier mandat qui débute, est capable avec une majorité de députés à l’Assemblée de faire preuve, dans le dépassement des clivages, de la volonté vraie d’affronter tous les problèmes qui se posent au peuple francais et de les régler avec justice, justesse, équilibre et discernement.

Alors bien sûr, la peur du vol ou de l’agression paralyse nos concitoyens mais aussi celle de perdre son travail et/ou de tomber en grande précarité tout comme plus spécialement dans nos campagnes la peur de ne plus trouver de médecin dans son village, la peur d’être isolé, la peur d’être traité inégalement avec les habitants des villes, la peur du lendemain tout simplement rajoutée à celle de perdre son identité ou sa place au profit de l’autre ou de l’étranger, la peur du terrorisme, celle des conséquences de la pandémie qui nous a frappés sans prévenir, le tout ayant conduit d’innombrables citoyens à se replier encore davantage sur eux même et à cultiver la haine ou la méfiance de l’autre.

C’est ainsi, au premier tour de l’élection présidentielle, que les Républicains se sont fourvoyés à chasser sur les thèses jusque là gardées du RN et que les Insoumis semblaient provoquer et exacerber les peurs réelles ou fantasmées de nos concitoyens en allumant les mèches d’un communautarisme insensé au sein de notre République, portant ainsi conjointement la responsabilité d’avoir permis au RN la possibilité de se rendre incontournable tout en invoquant une certaine légitimité et à Marine Le Pen de se cacher derrière un visage respirant la proximité avec le peuple, mais conservant néanmoins le souffle bien court.

Si on rajoute à cela l’avènement du Sieur Zemmour, dangereux épouvantail de la République qui a porté le temps d’une campagne le diable sur ses épaules, il n’en fallait pas davantage pour finir de dédiaboliser la famille Le Pen qui se présentait en 2022 pour la huitième fois à une élection présidentielle…

De là, l’idée folle partagée par des millions de citoyens dans notre pays que nous avons tout essayé, la droite, la gauche, et que nous pourrions désormais tenter le pire car finalement, nos voisins Italiens se sont pas si mal remis de l’épisode Salvini et nos cousins Américains semblent s’être relevés de Trump sans parler du dictateur Poutine qui constituait pour le RN le modèle type du dirigeant idéal devenu subitement gênant.

Enfin, depuis le 24 Février 2022, nous voilà confrontés à la guerre déclarée à l’Ukraine qui sape encore davantage notre moral et doit nous obliger au rassemblement.

Au-delà de la défaillance des partis traditionnels qui payent aujourd’hui au prix fort leur défaut de remises en cause et d’idées claires, c’est aussi la flambée de l’individualisme enregistrée ces dernières décennies, en laissant de côté toutes visions basées sur des espérances collectives, qui a alimenté la colère et le sentiment d’injustice qui ont engendré le vote extrémiste.

Parlons-nous, revenons aux valeurs qui nous constituent et nous permettent de faire et d’être France, ce pays dont nous devons redevenir collectivement fiers qui est si beau quand il rassemble et qui serait si laid s’il se mettait à trier.

Pour ma part, parce que j’aime la France dans son intégralité et parce que je crois au progrès et à l’humanité, je continue à soutenir Emmanuel Macron et ne cesserai pas de combattre le funeste projet sulfaté sur notre pays par le RN ainsi que la famille Le Pen et ses ouailles qui se bornent à attiser la haine et la méfiance de l’autre.

Mais pour autant, que faut-il faire pour extirper les citoyens, ruraux en particulier, de leur malaise et du sentiment d’abandon qu’ils éprouvent et qui les poussent à voter pour un mouvement qui les isolerait encore davantage.

Il faut reprendre goût et envie de faire ensemble, pour tous, et de ne laisser personne au bord du chemin.

Cela implique d’élire d’ici le 19 juin prochain des députés ancrés dans leur territoire qui ont à cœur de parler à tout le monde et de faire politique sans être gênés de dire que cet engagement est d’abord un acte affectif très fort qui tend à rapprocher les gens et qui ne peut plus être réduit à la seule cause partisane.

Il s’agit donc de sortir définitivement du marasme et des carcans dans lesquels on a voulu nous enfermer sans se diriger vers un choix extrême pour un parti populiste qui se nourrit de nos difficultés.

Au contraire, en établissant enfin, sans en avoir honte, une représentation sociale positive de la fraternité dans laquelle le plus grand nombre a vocation à se retrouver et à se reconnaître pour donner un cœur et une âme à notre département, nous devons participer activement, avec l’esprit de rébellion mais aussi de bienveillance qui nous caractérise, à la construction de son avenir.

Attachons-nous à rassembler les Audois autour de la nécessaire et salutaire démarche qui consiste, dans l’intérêt de tous, à unir nos moyens et à s’employer à mettre en avant tous les trésors que notre territoire recèle, les produits de nos terroirs, ses sites touristiques que nous avons sous les yeux et dont l’importance et l’ampleur disparaissent parfois dans la brume diffusée par les relents infectieux des discordes politiques sectaires et stériles.

Mais pour cela, il faut chercher à comprendre notre département et comprendre ce territoire, c’est d’abord se mettre à sa disposition pour le servir en combattant cette dualité omniprésente qui l’asphyxie et en recherchant les solutions que l’on connait, qui s’imposent et que nous devons mettre en œuvre en veillant à ne pas être bloqués, comme dans le passé, par des considérations de petite et vilaine politique…

C’est pour cela qu’au cœur de notre ruralité, nous n’avons pas d’autre choix que d’unir toutes les bonnes volontés en nous livrant à un travail commun qui nous permettra de proposer et de mettre en œuvre des solutions concrètes en matière de développement économique, d’emploi, de formation et d’orientation des jeunes notamment.

Mais servir l’Aude et l’Occitanie ne réside pas uniquement dans l’acte de mettre en évidence ce qui éblouit et qui marche déjà.

Servir l’Aude, pour évoquer aussi le tourisme, doit consister à travailler à l’allongement de la durée de passage et à l’accroissement du nombre de découvertes de nos visiteurs qui se bornent très souvent à s’arrêter quelques heures, comme c’est le cas lorsqu’ils visitent la Cité avant de quitter le département par l’autoroute ou le train non pas toujours vers Toulouse ou la Méditerranée via Narbonne, mais bien souvent pour disparaître de l’horizon régional vers Perpignan puis l’Espagne par ce corridor européen qui mérite également d’être réaménagé notamment en termes de transports.

Servir les Audois pourrait reposer sur l’idée de déceler toutes les beautés cachées de cette terre d’Aude pour les promouvoir et inciter les visiteurs à quitter la Cité pour aller à la rencontre de tout ce qui se trouve à proximité ou plus loin vers tous nos autres sites remarquables, dans le cadre d’un tourisme à réinventer qui serait pluriel et plus mobile et qui permettrait de tout faire sur notre territoire y compris durant le même séjour.

C’est dans ce sens, celui de l’histoire, mais également celui de la modernité qu’il nous incombe de mettre vraiment en avant tous les joyaux de notre territoire au moyen d’un tourisme qui serait plus haut de gamme mais aussi plus doux, plus vert, plus rural et plus culturel, plus gastronomique et qui permettrait de passer de l’un à l’autre en privilégieant les interactions entre les villes et nos campagnes.

Cette vision globale et sans œillère est celle qui doit désormais présider aux destinées de notre département car elle favorisera l’ouverture d’esprit, mais aussi l’esprit de conquête et de formation des plus jeunes pouvant tout aussi bien préparer et pousser une fille ou un gars de la région à partir à l’assaut du monde entier que l’inciter à rester ou à revenir chez nous pour y réussir sa vie.

Pour cela, notre territoire doit parvenir à tourner la page des trente dernières années et à glisser sous ses doigts celle de l’avenir.

Celà implique qu’il devienne partout de plus en plus attrayant pour toutes sortes d’initiatives comme la promotion des richesses naturelles et humaines, le développement des savoir-faire, la mise en œuvre d’une économie performante prévoyant une prime au propre et au durable, le tout accompagné par le numérique, via le haut débit.

Ainsi, le département tout entier, y compris la ruralité, sera propulsé et prendra un nouvel élan vers le monde qui nous attend tout en préservant son authenticité.

C’est dans ce cadre qu’il faut créer de nouveaux outils dont le but serait notamment de favoriser les promesses de création de valeurs formées par les entreprises ou les collectivités pour atteindre l’excellence tant en matière de transition écologique qu’en matière sociale et d’emploi plus spécialement celui des jeunes.

Mais, au-delà de la nécessaire ouverture vers l’entreprise et l’innovation, notre département est particulièrement marquée par l’agriculture et notamment la viticulture qu’il faut ardemment défendre et accompagner pour l’aider à affronter les écueils assuranciels ou liés à l’irrigation et à franchir le point de basculement vers une culture bio, raisonnée et de récupération.

Soyons donc rationnels et audacieux et à l’échelle de notre département, cela consiste nécessairement à développer l’économie et les infrastructures notamment en matière de transport et de recherche.

Cela consiste aussi à mettre en œuvre des projets qui marchent, miser sur le numérique, éclairer et faire briller notre territoire dans le monde entier, c’est prendre conscience de ce que nous avons ici, au cœur de l’Occitanie, en être fiers, harmoniser le tout en acceptant de transmettre et de mener, en la gagnant, la guerre du faire-savoir et des contes de faits.

L’audace pourrait consister également à s’acharner à créer des liens entre la ville et la ruralité, faire rentrer la viticulture dans nos cités et exporter le tourisme dans nos campagnes en mettant en œuvre entre elles des contrats de réciprocité (qui pourraient et devraient devenir obligatoires dans les attributions de crédits du type CPER) qui constitueront autant de traits d’union entre ce qui a été et ce qui sera, comme autant de ponts jetés entre les villes et les campagnes.

Nous réduirons ainsi les inégalités et ce sentiment d’abandon qui règne dans notre ruralité et qu’on pourrait résoudre notamment en améliorant également le statut des aides à domicile qui constituent un enjeu majeur pour nos anciens dans nos campagnes qui semblent aujourd’hui être privés d’humanité au point de voter massivement pour un mouvement de rejet qui les accablerait encore davantage.

Faire preuve d’humanité consisterait enfin à reconquérir d’urgence la joie de vivre, à inventer et à promouvoir entre nous tous de nouveaux sujets de connivence et de confiance qui doivent nous animer et guider toutes nos actions afin que nous puissions les ramener dans les espaces publics et dans nos campagnes qu’ils ont peu à peu désertés.

Agissons ! Et comme me le disait le Maire d’Ouveillan : continuons à agir et à avancer avec nos valeurs !