Planté là comme une sentinelle, entre les villages de Trèbes et de Floure chers à Gaston Bonheur, et surplombant la route qui était jadis celle du peuple devenue aujourd’hui la n°13 qui partage l’Occitanie en reliant Toulouse à Montpellier, un arbre, se prenant pour un Chevalier Cathare, a assisté, silencieux, aux drames qui nous ont frappé ici depuis 7 mois…

Il se dit pourtant qu’il serait sur le point de sortir du silence auquel il a été astreint, non pas pour violer le secret de l’instruction lui même trop souvent bafoué, ni pour divulguer des secrets sur la cause des inondations du 15 octobre mais pour s’engager dans la lutte urgente à mener contre le cyberharcèlement pratiqué par ceux, assoiffés de pouvoir et de haine et ligués dans une volonté de nuire, tantôt en meute anonymes et tantôt en cons nus, mais toujours cachés derrière leurs boucliers numériques, qui se plaisent à parler pour ne rien dire de bon et pire, à harceler en écrivant des mensonges ou des saloperies sur autrui comme autant de coups de butoir issus de leur sombre vérité intime assénés aux visages des gens.

Cette malveillance donne le vertige et je m’efforce régulièrement de tourner 7 fois mon clavier entre mes mains pour éviter de rendre publique ma pensée brute à leur égard…

Mais la guerre contre ces poltrons ne doit pas consister à les passer par le fil des armes détestables qu’ils emploient eux mêmes et à cet égard, pour s’apaiser, il ne faut jamais oublier ce que disait Victor Hugo au sujet des méchants « qui envient et haïssent, c’est leur manière d’admirer ».

Dans le monde d’aujourd’hui, la route du peuple, vecteur d’échanges et de communication, a laissé place à la merveilleuse autoroute du numérique, qui relie les gens mais ne compte pas moins de chauffards, et sur laquelle l’ensauvagement des mots employés annonce, prépare et fabrique à nouveau, sur les réseaux sociaux notamment, l’ensauvagement des actes.

Il faut donc sortir du silence, marque de complaisance ou de résignation, pour se mobiliser et organiser la résistance à l’effet d’aider les victimes d’une « cyberguerre » perpétrée à leur encontre par ceux qui, cachés derrière leurs claviers et leur anonymat, respirent le courage mais ont finalement le souffle bien court.

Il s’agit de ne pas laisser la haine s’installer et détruire l’espace de liberté qu’est Internet et d’endiguer les dérives notamment sur les réseaux sociaux.

Cela implique bien entendu un apprentissage pour tous les citoyens sur ce qu’est le civisme en ligne mais aussi une formation pour savoir comment réagir lorsqu’on est victime.

Il est également nécessaire d’accompagner les victimes notamment sur les terrains juridiques et judiciaires qui doivent être défrichés et rendus plus accessibles et efficaces en améliorant les conditions d’identifications et de poursuites des harceleurs, des auteurs de messages haineux pronant en ligne le terrorisme ou dévoilant odieusement un antisémitisme, du racisme, du sexisme, de l’homophobie…

Il faut continuer, aujourd’hui de plus fort, à se battre contre l’actuel manichéisme, l’obscurantisme, contre toutes les violences et toutes les radicalités des temps modernes et tanpis si nous devons terminer notre voyage, comme une ultime épreuve et un éternel recommencement, à Villerouge-Termenès, village des Corbières qui se dresse au nord, sur la route « des citadelles du vertige », notamment Aguilar et Peypertuse, où fut brûlé il y a presque 700 ans Guilhem Belibaste, le dernier parfait cathare symbolisé désormais par cet arbre dont on retiendra qu’en sortant du silence, comme une sentinelle, il nous a alerté et préservé des nouveaux dangers qui nous menacent.

Soyons tous des sentinelles du vertige numérique pour sortir du silence et lutter contre le cyberharcèlement.

C’est à ce prix et comme l’arbre, renaissant de ses cendres et sortant de sa torpeur et de son engourdissement, que nous pourrons dire non et caresser a nouveau l’espoir, sans être brulé ou déraciné, d’avoir encore la chance, comme une source intarissable de lumière et d’enthousiasme, de continuer à voir tous les jours y compris sur la toile le soleil se lever.

Franck Alberti