Qu’avons nous fait de l’heure gagnée ? Dès potron-minet, nous avons commencé à remonter le temps jusqu’à l’époque des Romains car ce sont eux qui ont répandu la culture de l’olive dans tout le midi de la France comme en attestent, de Carcassonne à Vaison-la-Romaine, de nombreux vestiges qui doivent nous rappeler qu’en ce temps là, tous les villages du midi avaient un moulin à huile.

Au moyen âge, la Provence et le Languedoc ont traversé de nombreux fléaux qui ont affecté plus particulièrement les populations rurales comme la peste, la disette, les guerres et les mises à sac qui se rajoutaient à des gels successifs ayant gravement touché les oliviers et la culture des olives au point qu’il aura fallu l’action de certains souverains, comme l’exemption de la dîme sur les olives par exemple, pour maintenir chez nous cette culture millénaire et permettre son développement au XVIe siècle qui a vu notre huile d’olive s’exporter au-delà de notre midi grâce notamment au Port de Marseille.
Au XVIIIe siècle, l’olivier était considéré comme une culture importante et nécessaire pour l’économie du Pays d’Aix et du Roussillon notamment de sorte que des Moulins ont fleuri à nouveau tout comme se développaient les oliveraies qui comptaient au XIXe siècle pas moins de 26 millions d’oliviers sur 168.000 hectares.
Dans certains Bassins, dont le notre, l’olivier occupait peu ou prou la surface couverte par la vigne aujourd’hui et constituait la ressource économique principale de nombreuses communes agricoles.
C’est la concurrence des huiles de graines provenant des colonies puis celle de la vigne, plus rentable, associée au besoin de terres nouvelles lors de la crise du phylloxéra, qui marquèrent le début de la régression de l’oleiculture qui fut accélérée par les gels (de 1929 d’abord) puis amplifiée par l’exode rural enregistré sur cette période et jusqu’au gel de 1956 qui sonna le glas de la culture de l’olivier dont on ne comptait plus que 3 millions de spécimens.

Depuis 40 ans, l’oleiculture française retrouve son dynamisme et redevient un acteur à part entière non seulement des paysages de notre midi mais également de notre vie rurale et agricole.
Les premieres extractions qui remontent à l’âge de bronze puis ensuite les rouleaux de pierre maniés à la main ont laissé place à l’hydraulique puis à l’électricité et à l’électronique mais la séparation de l’huile et de l’eau demeure le genial principe et le procédé est encore de nos jours le même : ramasser, écraser, broyer, malaxer, extraire…
De nos jours, ce savoir-faire agricole revêt une qualité majeure qui semble garantir son avenir, c’est qu’il fascine les populations au point de donner envie à tous ceux qui ont planté quelques arbres dans leur jardin de ramasser leurs olives et, si par bonheur un moulin se trouve près de chez eux comme celui du #DomainedesPères à Trèbes (11), de faire extraire et de goûter leur huile.

Voila l’occasion rêvée, qui devrait être encouragée ou relayée par les municipalités, de se regrouper entre amis ou entre voisins y compris ceux avec lesquels on n’avait presque plus le temps d’échanger au-delà d’un bonjour machinal, pour se livrer en commun sur un week-end à des travaux agricoles conviviaux et perpétuer une culture millénaire qui a tellement de passé qu’elle ne peux avoir qu’énormément d’avenir…