A l’opposé de la Montagne Noire qui limite au Nord le département de l’Aude, un autre récif, la Corbiere, surplombe au sud la plaine viticole Audoise.
L’Alaric qui en est la dernière vague doit encore être traversée ou contournée pour parvenir à pénétrer au sein de la Corbière chaotique qui se montre austère et grave, âpre et pure, intemporelle et frappée du sceau du Catharisme.
A la fois terre grise de cendres et rouge sang, désertique et désordonnée, la Corbière est d’une beauté déconcertante tout aussi démunie que lumineuse, possédant une flore foisonnante et des atouts tellement nombreux et variés qu’on l’écrit désormais systematiquement au pluriel…
La Corbière est belle de ses lieux de recueillement chargés d’histoire comme le cloître de Saint Hilaire ou l’abbaye de Lagrasse.
Elle est belle aussi à l’image des légendaires silhouettes de remparts qui montent la garde depuis l’époque féodale à Durfort, Termes, Queribus, Peyrepertuse, Aguilar mais aussi à Auriac, Durban, Saint Martin de Toques, Mas de Cours et Villerouge Termenes qui aura vu en 1321 la disparition de Guilhem Bellibaste, dernier parfait cathare mort sur le bûcher…
Elle est belle enfin en ce qu’elle est très aride mais aussi traversée de cours d’eau notamment par l’Orbieu, rivière qui descend de gorges en défilés depuis le lieu-dit « le Puget » au nord de la commune de Fourtou jusqu’à son confluent qu’elle rejoint entre Raissac et Saint Nazaire d’Aude après avoir traversé quasi perpendiculairement la route du peuple qui rejoint Toulouse à Montpellier tandis que l’Agly, de son côté, creuse la faille tragique de Galamus au dessus de laquelle, six cent mètres plus haut, la route suspendue sans demi-tour possible nous relie aux Pyrénées orientales.
Plus au nord, le plus modeste ruisseau des Mattes emprunte un spectaculaire défilé entre les Montagnes d’Alaric et de la Coque au sein de ce que les Romains ont nommé co-angustum signifiant « passage étriqué » devenu gorges du Congoust constituées de falaises calcaires animées de cascades et de marmites rythmant en contrebas le cours de l’eau et permettant en surplomb à l’une des plus belles routes de France de rejoindre le Val de Dagne à Camplong (D114).
Tout autour, de merveilleuses randonnées sont à faire, par le GR 36, qui est un véritable sentier à remonter le temps, et notamment celle qui mène au Roc de l’Aigle en s’approchant des ruines romantiques du prieuré de Saint Michel de Nahuze (XIe) où, depuis la nuit des temps et jusque dans les années 1940, les villageois des alentours montaient en pèlerinage pour solliciter la pluie les années de sécheresse en chantant, comme le dit la légende, cette chanson qui caractérise si bien notre territoire :
*🎶San Miguel, dona nos d’aiga barejada amb de vi, mai de vi que d’aiga..🎵🎶
* « Saint Michel, donne nous de l’eau, mélangée avec du vin, plus de vin que d’eau.. »
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