
Il est vain de vouloir ternir l’image de la si fine et délicate civilisation du vin par des campagnes ou par des articles désastreux qui illustrent les thèmes de l’addiction à l’alcool et des risques de cancer par l’image d’un « tire bouchon » ou d’une bouteille de vin…
Il est vain et vilain de vouloir stigmatiser la filière viticole par voie de presse ou au moyen de campagne de dénigrement qui insiste sur le fait que notre région cumule tous les excès notamment pour la consommation d’alcool qui est matérialisée par l’image d’une bouteille de vin, occultant ainsi honteusement qu’il est le résultat d’une constante et raffinée tradition millénaire.
Aussi, pour que les mots, faits et gestes du Président MACRON ne soient pas vains, lorsqu’il déclarait en décembre 2016 pour le magasine Terres de Vins : « Le Vin est l’âme de la France », ou lorsqu’il dégustait avec le President Chinois à Shanghai en novembre 2019 un verre de vin de la Clape en Languedoc pour le plus grand plaisir de ce dernier, il faut rappeler à tous les communicants et les rédacteurs en chef de notre pays que sans Cérès et Bacchus, Vénus était de glace et qu’avec aussi peu de discernement, ils risquent la disgrâce…
Le vent qui souffle dans notre pays est souvent celui de la colère, il s’agit du pays des Corbières dont le seul son, à qui le prononce ou l’entend, désigne en deux syllabes le rude et la douceur qui caractérisent ensemble ce territoire.
Notre pays est pauvre, tourmenté, dépouillé, mais il ne manque pas de splendeurs, dont ses vignes, qui apparaissent dans le paysage comme une respiration vitale enrobant de ses ceps les moindres reliefs jusqu’aux pentes et terrasses escarpées comme pour inscrire sur la peau tannée de notre terroir défavorisé la rudesse et la pugnacité des femmes et des hommes qui vivent sur cette terre ardente et rebelle.
Ainsi, détracteurs de nos crus qui ne devraient pas être crus, combattants aveuglés de l’alcool et des vins, adeptes radicaux d’un amalgame idiot, ne vous en déplaise, le vin coule dans nos veines parce qu’il est le produit, miracle de notre labeur, d’une veine de notre terre qui a saigné au soleil…
Le vin rassemble et magnifie les plus precieuses valeurs humaines dont le temps et la patience et il suffirait justement de prendre le temps de respirer soigneusement l’air de chez nous ou celui d’autres régions viticoles, pour constater qu’il est notre patrimoine commun, notre culture, notre tradition de sorte que dans chaque endroit où on l’élève, le vin parle avec son accent pour raconter l’histoire de son terroir et tous les vins de toutes nos régions, ensemble, racontent l’histoire de France.

Heureux le pays qui, comme la France, peut parer sa nudité d’une jupe de vignes et au moment où je lève mon verre, rempli du vin de la couleur de ma terre, je songe en me roulant par terre qu’ils n’en ont pas en Angleterre.

Je pense à nos amis vignerons qui dans tout le pays cultivent « l’âme de la France », je pense à ceux qui ont taillé, à ceux qui vendangent ou qui espèrent vendanger, à ceux qui ont subi la sécheresse et/ou la grêle et même à ceux qui n’ont pas pu replanter alors qu’ils s’y étaient obligés.
Rien ni personne ne devrait etre autorisé à les désobliger.
Un repas sans vin, disait notre Président avant d’être élu en 2017, est un repas un peu triste et je pense comme lui même s’il faut savoir faire preuve d’équilibre et de modération.
Ce discernement passe nécessairement par l’éducation et sûrement pas par la contrainte ou les phrases radicales et les pictogrammes apposés sur nos bouteilles qui n’ont finalement de sens, sauf à prendre les consommateurs pour des ivrognes imbéciles, que celui de satisfaire les intégristes de la santé qui prônent la destruction d’une culture millénaire.
Face à ce nouveau réquisitoire, pour préserver l’âme de la France, je propose a chacun de faire preuve de raison et d’acquitter le vin, non pas au bénéfice du doute mais au bénéfice du bon et du meilleur en le dégustant et en songeant à cette phrase de Charles Baudelaire, qui a dit « tout est bon pour accéder au vin car si celui-ci disparaissait de la production humaine, il se ferait dans la santé et dans l’intelligence un vide, une absence, plus affreuse que tous les excès dont on le rend coupable ».
Franck Alberti