Deux faits divers qui se sont déroulés à Trèbes (11) ces dernières semaines m’amènent à (me) poser la question de l’utilité et de l’efficacité des systèmes de vidéos surveillance qui fleurissent de plus en plus dans nos villes et nos villages.
Découvrant un matin sa voiture emboutie alors qu’elle avait passé la nuit stationnée sous le champ de la caméra de protection voisine, un citoyen Trebéen, qui a déposé plainte, a eu la consolation d’imaginer (pour l’instant en vain) que l’auteur des dégâts serait interpellé et condamné à l’indemniser…
De la même façon, sous le champ des caméras placées aux abords du pont d’Aude, on a pu constater récemment la détérioration d’un immeuble qui, même s’il s’agit du siège départemental du Front National dont on peut combattre sur le fond les idées sans pour autant se fourvoyer à dégrader la façade, ne permettra pas aux auteurs de l’infraction d’invoquer une excuse de provocation ou une légitime défense pour éviter une nécessaire et incontournable condamnation qui pour l’instant se fait attendre…
Par les temps qui courent, une large majorité de citoyens approuvent pourtant l’installation dans nos villes de caméras destinées à la vidéo-surveillance car elles seraient dissuasives pour les délinquants et faciliteraient à posteriori la résolution des enquêtes policières.
Ces deux arguments qui plaident pour notre sécurité conduisent à admettre une atteinte à nos libertés individuelles et on entend régulièrement, comme si l’intrusion dans la vie privée était une menace mineure : « Etre filmé ne me dérange pas car je n’ai rien à me reprocher.. »
Mais la vidéo-surveillance devenue vidéo-protection pour être mieux vendue pourra t-elle devenir vidéo-tranquillité ?
Manifestement non.
Au delà de l’aspect « couteux » non seulement de l’installation de caméras mais également de leur fonctionnement et de leur maintenance, il semble que toutes les études sur le sujet tendent à démontrer que l’impact en terme de dissuasion sur les délinquants de rue est très faible voir nul.
Aussi, il y a lieu de se demander si le budget ne serait pas mieux employé à combattre les causes de la délinquance et notamment en présence humaine avec le renforcement des éducateurs et des rangs de la Police Municipale…
Ceci étant dit, comme le vin qu’il faut boire lorsqu’il est tiré, quand les caméras sont installées, il reste à visionner les images surtout si elles sont enregistrées…
En effet, pour admettre l’aspect liberticide de l’usage des images qui peut même être de nature à remettre en question le principe de la présomption d’innocence, il ne nous reste plus qu’à nous satisfaire de l’aspect « facilitateur » des caméras dans la résolution des enquêtes qui devrait permettre de confondre le coupable après son méfait.
A cet égard, s’agissant de protection, force est de constater que les images de vidéos « protection » des innombrables caméras de la ville de Nice n’ont malheureusement permis le 14 Juillet dernier que de faire une reconstitution macabre des événements.
Mais pour cela, encore faut-il que les scènes en litige puissent être exploitées par un visionnage à posteriori dans le temps de l’autorisation de conservation des images enregistrées dont on sait qu’il est plus long lorsqu’une plainte a été déposée…
En effet, à Trèbes, l’orthographe bien particulière de la « hord(e) » de tagueurs constitue un élément qui facilitera l’enquête mais les caméras, qui n’ont curieusement pas dissuadé les antis-FN, devraient maintenant faciliter leur identification par le simple examen des images enregistrées.
En effet, si les caméras ne sont manifestement pas dissuasives et à telle enseigne peu protectrice, elles doivent toutefois faciliter le travail des forces de police et c’est la seule chose qui puisse nous faire accepter l’atteinte portée au droit à l’image et à la liberté de nos vies privées.
En parlant de droit, les citoyens bénéficient de celui qui consiste à voir les images lorsqu’ils sont concernés et il est nécessaire que celui ci soit respecté ne serait ce que pour éviter de laisser imaginer que certaines personnes peuvent passer entre les pixels de la caméra ou presque pire, à ce prix, que ces dernières ne fonctionnent pas…
Alors, pour éviter les rumeurs et le scandale de l’inefficacité, de l’inutilité et du gaspillage, arrêtons le cinéma, ouvrons les yeux et demandons à voir les images qui doivent permettre d’arrêter les acteurs de notre grandissante délinquance locale…
Franck ALBERTI
NB : le droit d’accès aux images peut toutefois être refusé pour des motifs tenant à la sûreté de l’État, à la défense, à la sécurité publique, en cas d’instruction judiciaire ou pour protéger le secret de la vie privée de tierces personnes.