C’etait en septembre, il y a 50 ans, un monstre de plus de cinq tonnes venu d’Amérique partait en croisade dans les vignobles Languedociens, Corses et Bordelais.

Une dizaine d’essais furent effectués au total sur plusieurs types de vignes et dix cépages différents sans que la moindre défaillance ne fût à déplorer.

Même s’il a été raillé dans un premier temps par les vignerons du midi qui l’appelaient  » la machine à donner des fessées », le Char de Bacchus fût peu à peu adopté avec ses longues jambes, son système de secouage latéral et ses organes ingénieux de chargement des grains.

Bien sûr, l’engin présentait des avantages avec notamment sa possibilité de récolter plus de dix hectares par jour outre la capacité de fonctionner la nuit, le tout avec des coûts inférieurs d’au moins 30 %.

Mais le risque lié à cette évolution technologique du ramassage à la machine était évidemment de voir disparaître peu à peu l’aspect le plus convivial de la viticulture et plus spécialement en période de vendanges.

La tradition des vendanges manuelles et des colles de vendangeurs travaillant au rythme imposé par la mousseigne s’est progressivement perdue au profit de la puissante et prodigieuse machine dont le bruit au petit matin, ressemblant à celui d’un avion sans ailes ou à un aspirateur géant, est presque devenu familier en période de recolte à ceux qui ont la chance de vivre à proximité des vignobles.

J’ai à cet instant une pensée pour les chauffeurs de ce tank de Dionysos qui accomplissent seul leur journée de travail mécanique dénuée de charme et j’exprime le vœu en conclusions que le fait d’emprunter les outils de la modernité ne nous empêche pas de préserver nos traditions car au-delà de la convivialité et de la joie qu’elles procurent, ce sont elles qui donnent du sens et favorisent la transmission ainsi que l’union entre les générations.

Photo Dorian Bardou, seul à déjeuner avec sa machine..