Je vous présente mon plus savoureux juron…
« Le Putain de Moine », jusqu’à présent un fut et désormais une jarre divisés en 300 fioles, n’est pas mis en bouteilles chaque année (2006, 2008, 2010, 2011, 2012, 2014, 2015, 2016, 2018 et 2020)…
Cette expression n’a rien de blasphématoire. Elle évoque cet appareil en bois ressemblant à une luge munie d’un réceptacle en fonte que nos aïeux, pour réchauffer leur couche, plaçaient sous les draps bien avant de s’y glisser. Quelques braises posées là en son cœur, fraîchement sorties de la cheminée et souvent éprises de liberté, crepitaient jusqu’à sauter parfois sur le drap qui se consumait en trouant jusqu’au matelas.
Lorsque cela se produisait, cette expérience flamboyante et odorante poussait ma grand-mère notamment à s’exclamer : « Putain de Moine » !
Avec mon vin c’est pareil, c’est d’abord à la couleur et au nez que j’essaye d’imaginer chaque année quel sera plus tard son goût.
Puis, en regardant le verre bu, vient l’espérance de pouvoir s’exclamer qu’il vient de se passer quelque chose d’inattendu mais néanmoins satisfaisant, comme ma grand-mère reniflant la combustion anormale du lit mais se procurant néanmoins la satisfaction, en le décelant suffisamment tôt, de pouvoir éviter que brûle entièrement la chambre ou la maison…
Être mon plus savoureux juron doit donc se mériter et pourtant il s’agira toujours d’un vin de table qui caractérise pour moi, contrairement aux idées reçues, non pas le signe infamant d’un vin qui se plairait à mettre en avant sa piètre qualité mais la marque (déposée) que revendique un vin étonnant mais sans prétention, simple fruit de la passion et de la tradition, qui se boit à table entre copains et qui fut même béni en l’Eglise de Trèbes un jour de Saint Vincent…
Le vin de table est le symbole et le moyen de la communion sociale : la table entre tous les convives établit le même niveau et le verre qui y circule pour être rempli nous pénètre envers nos voisins d’indulgence, de compréhension et de sympathie.
C’est le vin qui favorise les discussions ainsi que l’euphorie et qui peut transformer un simple repas en événement mémorable…
La Cave, quant à elle, caractérise l’arrivée des crus mais aussi le départ des cuites et l’escalier qui nous permet d’y descendre pour nous remonter est bien le chemin le plus sur et le plus agréable pour aller au Paradis…
Mon plus savoureux juron ne se trouve pas dans le commerce, il n’est distribué qu’à mes amis mais dans la mesure où les amis de mes amis sont mes amis et parce que le vin, aussi rare soit-il, n’est fait que pour être partagé, vous en boirez ce soir et sûrement encore un jour ou l’autre… si Dieu le veut.
En attendant, trinquons !