Lors du scrutin européen du 9 juin 2024, plusieurs millions de Français, et plus généralement une majorité d’Européens, ont voté pour des formations politiques d’extrême droite, c’est à dire pour ceux qui ne veulent pas de l’Europe.

La première réflexion à mener consiste à se demander comment l’Union Européenne a t-elle pu renvoyer, nonobstant le besoin d’Europe et de ses politiques d’interventions au soutien des populations des pays membres, une image qui inspire à ce point le rejet…

Mais cette question a été très rapidement éludée car le Président de la République a cru devoir tirer les conséquences au niveau national du résultat de ce scrutin européen en décidant, dès l’annonce des résultats, de dissoudre l’assemblée nationale et de fixer sous vingt jours la tenue de nouvelle élections législatives. C’était son droit.

Si le vote massif pour l’extrême droite aux élections européennes (que l’on a déjà oublié) n’aura pas vocation à changer les équilibres et la majorité à Bruxelles, une majorité absolue détenue par les parties extrêmes au Palais Bourbon le 7 juillet prochain aurait de graves conséquences sur le quotidien des Français.

C’est la raison pour laquelle je souhaite m’inscrire modestement mais avec détermination dans les rangs de ceux qui n’entendent pas se résoudre à la fracture de notre pays qui souffre d’assister à la course vers le pouvoir de deux mouvements extrémistes opportunistes qui se nourrissent réciproquement.

L’extrême droite d’abord, qui est l’adversaire principal, enregistre une progression qui résulte selon moi encore davantage d’une dynamique de rejet que de l’adhésion à un programme qui serait de nature à améliorer le quotidien des français.

Pour combattre efficacement la montée de la bête immonde qui s’est parée pour l’occasion d’une tête de Mickey, il faut en comprendre le mode de fonctionnement et s’attaquer aux causes de son développement c’est à dire un vote inspiré par la peur et parfois la haine des autres. 54 % de ceux qui votent pour le RN se désignent eux même comme étant racistes…

Le vote pour l’extrême droite aboutit nécessairement pour celui qui s’y livre à ne pas avoir d’autre perspective pour les années à venir que celle de se replier sur lui même en pensant que cet isolement lui permettra d’échapper à ce qu’il ressent comme un mal être éprouvé ou exprimé au quotidien.

Le RN se nourrit de ce mal être qu’il amplifie chez les gens qui croient, en se fourvoyant, en sa capacité de solutionner leurs problèmes. C’est le cercle vicieux du populisme d’exclusion.

En effet, en jouant avec nos plus bas instincts, le FN a ouvert une faille dès 2002 devenue une voie dans laquelle s’est engouffré le RN et avec lui des millions de suffrages à l’élection présidentielle le 24 Avril 2022 et encore le 9 juin 2024, au scrutin européen.

Ce vote ainsi massivement recueilli apparaît encore aujourd’hui comme principalement « défoulatoire », le RN ne présentant objectivement aucune solution réalisable, le but visiblement poursuivi se bornant à vouloir démolir ce qui reste de notre cohésion nationale sans aucun plan sincère et viable de reconstruction.

Qui peut prétendre sérieusement aimer la France et en même temps s’engager dans cette voie nationaliste sans issue qui mène au défoulement certes, mais surtout à l’isolement, au repli sur soi et à la précipitation de notre pays dans le chaos avec la résurgence d’idées nauséabondes qui conduisent à montrer du doigt et à déclasser les étrangers, surtout s’ils ont la peau grise ou noire, ainsi que les femmes et les homosexuels.

Ne nous trompons pas, le RN ne résoudra pas les problèmes des Français car il a besoin de nos problèmes pour exister.

Alors bien sûr, la peur du vol ou de l’agression paralyse nos concitoyens mais aussi celle de perdre son travail et/ou de tomber en grande précarité tout comme plus spécialement dans nos campagnes la peur de ne plus trouver de médecin dans son village, la peur d’être isolé, la peur d’être traité inégalement avec les habitants des villes, la peur du lendemain tout simplement ajoutée à celle de perdre son identité ou sa place au profit de l’autre ou de l’étranger, la peur du terrorisme, celle des conséquences de la pandémie qui nous a frappé sans prévenir, le tout ayant conduit d’innombrables citoyens à se replier encore davantage sur eux même et à cultiver la haine ou la méfiance de l’autre.

Cette montée de l’extrême droite est de nature, à la veille des prochaines élections législatives que le Président a souhaité, à conduire les citoyens raisonnables, conscients et responsables au niveau 7 sur l’échelle de Bristol…

De l’autre côté, la France dite insoumise, qui a spécialisé son action et ses discours ces dernières années dans l’alimentation des haines et les provocations des peurs réelles ou fantasmées chez nos concitoyens en allumant les mèches d’un communautarisme insensé au sein de notre République, porte ainsi la responsabilité d’avoir nourri les mouvements d’extrême droite et permis au RN en particulier de se rendre incontournable.

En effet, à force d’affirmer scandaleusement que le RN et Emmanuel Macron, c’est du pareil au même, l’extrême gauche a réussi le double tour de force, sous les dictats de son hystérique et dangereux camerlingue, non seulement d’écarter du prochain scrutin ses sujets les plus remarquables qui s’avéraient être les plus critiques et donc les plus dangereux pour celui qui vise sans le dire tout en le disant le poste de premier ministre, mais également d’imposer aux législatives, dans le cadre d’une alliance qui s’apparente à celle de la carpe et du lapin, le plus de candidats dans le plus de circonscriptions nonobstant le fait que le PS, emmené aux européennes par Raphaël Glucksman, a obtenu près d’un million d’électeurs de plus que LFI..

Malgré cela, éteignant l’intéressant discernement dont avait fait preuve ce dernier le temps d’une campagne digne et prometteuse, le poltron qui fait office de taulier du PS, qui est pour moi le plus indigne des secrétaires généraux que ce parti a connu, s’est à nouveau vendu à l’extrême gauche et à l’idée d’un pseudo nouveau Front Populaire, emportant dans son sillage ce qui reste de l’ancien Président Hollande qui a cru devoir honteusement faire-fî de l’anti-sémitisme de certains de ses alliés qui ont notamment considéré que le chaos doit être la norme et que le Hamas, qui s’est sauvagement illustré le 7 octobre dernier, doit être considéré comme un mouvement de résistance…

Les déclarations édulcorées de ces derniers jours à ce sujet ne trompent personne et ne dissipent pour moi aucune honte.

Tout ce beau monde, frappé au sceau des meilleures intentions, s’est rapproché sans état d’âme des franges les plus extrêmes qui existent à gauche dans notre pays dont le NPA et son gourou Poutou qui a cru que la présence du 3ème RPIMA à Carcassonne lui permettait d’y être parachuté pour devenir député dans le cadre d’un front qui n’a rien de populaire et qui constitue davantage un catalyseur qu’un rempart efficace et durable contre l’autre extrême qui menace.

Comment peut-on se moquer des citoyens à ce point ?

Mais il ne s’agit pas d’oublier qui est l’adversaire principal ni de tomber dans le piège qui consisterait à montrer du doigt tel ou tel responsable de cette situation car on ne lutte pas contre une dérive politique en employant les mêmes méthodes que celles qui l’ont installées, conduites par la peur et la haine et véhiculées dans la violence.

À examiner les résultats des derniers scrutins dans les villages de notre Minervois et de nos Corbières, gérés durant des décennies par le PS, et où l’extrême droite recueille désormais quasiment la moitié des suffrages exprimés, on comprend que la nasse du RN n’est plus seulement qu’un parti raciste ni simplement un agrégat de contestations manifestées visiblement de façon sans cesse croissante depuis le 21 avril 2002 mais bien désormais un mouvement qui s’est fait à l’idée de prendre le pouvoir et qui, pour y parvenir, ne recule devant aucun mensonges ni aucune ignominies diffusés comme du fiel par les camelots haineux du RN que tous les partis républicains traditionnels ont échoué à endiguer et qu’il conviendrait aujourd’hui, pour des millions de français qui sont prêts à transformer leurs pensées en bulletins dans l’urne, d’essayer et de voir à l’œuvre dans la gouvernance de notre pays.

Mais comme j’ai pu le lire et comme je pourrais en rire si cela n’était pas si grave, « ce n’est pas parce que tu n’aimes ni la viande ni le poisson que tu dois manger de la merde ».

En effet, le fascisme, cela ne se goûte pas, cela se vomit rien qu’en y pensant !

Et pourtant, nous voilà confrontés à l’idée folle, partagée par des millions de citoyens dans notre pays, que nous avons tout essayé, la droite, la gauche, le centre et le tout en même temps et que nous pourrions désormais tenter le pire car finalement, comme dirait l’avocat du diable, nos voisins Italiens ne se seraient pas si mal remis des épisodes Salvini et Malvini et nos cousins Américains sembleraient s’être relevés de l’épisode Trumpiste qui pourrait, dans ce curieux pays que constitue l’Amérique, voir le clown triste et degueulasse être à nouveau porté au pouvoir après avoir fomenté un coup d’état et avoir été condamné pénalement.

Je ne m’étend même pas sur le cas du dictateur Poutine qui constitue pour le RN le modèle type du dirigeant idéal devenu subitement gênant au lendemain de la guerre en Ukraine qu’il a déclenché le 24 février 2022 mais auquel le soutien sera sans aucun doute clairement accordé si par malheur le RN obtient une majorité absolue le 7 juillet prochain.

Le fascisme, cela ne s’essaye pas, cela se combat !

Au-delà de la défaillance des partis traditionnels qui payent aujourd’hui au prix fort leur défaut de remise en cause et d’idées claires, c’est aussi la flambée de l’individualisme enregistrée ces dernières décennies, en laissant de côté toutes visions basées sur des espérances collectives, qui a alimenté la colère et le sentiment d’injustice ayant engendré le vote extrémiste.

Un amical et récent échange avec un sénateur de notre République, au sujet du phénomène des « panneaux renversés » qui marquent avec une certaine inhospitalité l’entrée de nombreux villages audois, permettaient d’évoquer et de déplorer cette sensation selon laquelle « on marche sur la tête » qui a été amplifiée et très largement récupéré politiquement par une extrême droite opportuniste qui manipule nos élus et attise la colère et le désespoir comme on exploite un fonds de commerce.

Mais au delà de ce triste constat, il y a malheureusement un réel malaise de base ressenti par les maires et les citoyens des petites communes et des territoires ruraux voire hyper ruraux qui expriment un sentiment de déclassement au regard de la multiplication des règles et des normes, souvent imposées par les institutions européennes qui leur font perdre toutes libertés et prérogatives au profit des « décideurs urbains ».

En réalité, ils estiment qu’ils sont les oubliés et les scarifies de la République.

Dans notre département, comme dans bien d’autres, l’extrême droite a réussi le tour de force qui consiste à tromper une majorité de citoyens qui seraient aujourd’hui convaincu que le RN constitue la solution pour mettre un terme au malaise. Foutaise.

Donner au RN la possibilité de gouverner notre pays aurait des conséquences gravissimes sur notre quotidien.

Mais ceci étant dit, que doivent faire ceux qui, comme moi, veulent à tout prix éviter cette nauséabonde situation et extirper les citoyens français, ruraux notamment, de leur malaise et du sentiment d’abandon qu’ils éprouvent et qui les poussent à voter pour un mouvement qui les isolerait encore davantage et qui plongerait la France non seulement au coeur d’une catastrophe économique mais également en fort recul sur le terrain des Libertés, de la Culture et de l’Humanisme qui nous caractérisent.

La solution n’est manifestement plus aux leçons de morale ou à la simple invocation du plafond de verre qui a volé en éclat depuis l’avènement de Bardela et la dédiabolisation de l’extrême droite finalisée par l’intervention du sinistre Zemmour qui à choisi de porter le diable sur l’épaulette de son costume étriqué pour laisser Bardela et consorts laver plus blanc que blanc leurs cravates qui restent pourtant bien noires.

Et comme si cela ne suffisait pas, les voila aujourd’hui dans le cadre des législatives assistés par les apprentis nazillons démasqués du RPR dont ils ont à jamais déshonorés le sigle et de certains Républicains, dont le pire caporal qu’ils n’ont jamais eu, lesquels n’avaient jamais osé jusque là franchir le Rubicon qui, comme son nom l’indique, consiste à prendre une décision hasardeuse et lourde de conséquences.

Tournons collectivement le dos à ceux qui nous font honte d’ou qu’ils viennent !

Parlons-nous, revenons aux valeurs qui nous constituent et nous permettent de faire et d’être France, ce pays dont nous devons redevenir collectivement fiers qui est si beau quand il rassemble et qui serait si laid s’il devait nous trier et nous opposer.

Pour ma part, parce que j’aime la France dans son intégralité et parce que je crois au progrès et à l’humanité, je ne cesserai pas de combattre le funeste projet sulfaté sur notre pays depuis de nombreuses années par le RN, la famille Le Pen et ses moutons aveuglés qui se bornent à attiser la haine et la méfiance de l’autre.

Il faut reprendre goût et envie de faire ensemble, pour tous, et de ne laisser personne au bord du chemin.

Sauf que c’est une erreur de penser qu’on peut lutter contre l’extrême en essayant de rassembler autour de l’autre extrême. Cela serait au contraire contribuer à la fracture qui nous assaille.

Ceux qui sont comme moi si loin des uns et tellement différent des autres ne se relèveront pas de leur victoire qu’il faut impérativement éviter.

Pour combattre, il faut aller aux urnes.

Il faut en effet se mobiliser et faire le premier pas que nous suggère notre Démocratie, à savoir s’organiser pour aller voter et si possible avec une procuration. Compter double est un bon début dans la bataille !

Il faut ensuite bien comprendre que chacune des 577 élections qui vont se dérouler dans chacune des circonscriptions de notre pays est différente et qu’il faut partout s’employer à déceler les candidats et les candidates, bien ancrés dans leur territoire, qui ont à cœur de parler à tout le monde et de faire politique sans être gênés de dire que cet engagement est d’abord un acte affectif très fort qui tend à rapprocher les gens et qui ne peut plus être réduit à la seule cause partisane qui ne se limite pas aujourd’hui à deux clans extrêmes et opposés puisqu’il existe, même entre eux, à chaque extrémité, de lourdes oppositions…

Il faut donc miser sur ceux qui veulent sortir définitivement du marasme et des carcans dans lesquels on a voulu nous enfermer sans se diriger vers un choix extrême pour un parti populiste qui se nourrit de nos difficultés.

Au contraire, en établissant enfin, sans en avoir honte, une représentation sociale positive de la fraternité dans laquelle le plus grand nombre a vocation à se retrouver et à se reconnaître pour donner un cœur et une âme à nos territoires et par la même à notre pays, nous devons participer activement, avec l’esprit de rébellion mais aussi de bienveillance et de dignité qui nous caractérise, à la construction de notre avenir.

Nous devons soutenir les candidats et les candidates attachés à notre République qui ont à cœur de réduire les inégalités et ce sentiment d’abandon qui règnent dans nos territoires ruraux notamment qu’on pourrait résoudre en améliorant leur prise en considération et les services publics qui leur sont dus jusqu’au statut des aides à domicile qui constituent un enjeu majeur dans nos campagnes pour nos anciens qui se sentent aujourd’hui tellement privés d’humanité qu’ils se laisseraient aller à voter massivement pour un mouvement de rejet qui les accablerait encore davantage.

Nous devons élire des députés capables de faire preuve d’humanité, ce qui consiste aussi et enfin à reconquérir d’urgence la joie de vivre, à inventer et à promouvoir entre nous tous de nouveaux sujets de connivence et de confiance qui doivent nous animer et guider toutes nos actions afin que nous puissions les ramener dans les espaces publics et dans nos campagnes qu’ils ont peu à peu désertés.

La France ne doit pas tomber aux mains de ceux qui disent respirer l’amour de leur pays mais qui, détestant une partie de leurs concitoyens, ont décidément le souffle bien court.

Aimer la France, c’est aimer la République, sa force, sa dignité, sa devise, ses valeurs…

Aimer la France, c’est aussi aimer les français, tous les français, ainsi que l’Europe et les européens et tous les étrangers, citoyens du monde, qui savent nous rendre le respect et l’amitié qu’on leur porte.

C’est ainsi, et seulement ainsi, qu’au soir du 30 juin 2024 nous aurons accompli notre part de citoyen à l’égard de notre République qui est en danger.

Ce n’est pas pour ceux qui se bornent à se gargariser d’humanité dans le cadre d’une alliance menteuse qu’il nous faut voter, c’est pour des femmes et des hommes, humanistes, qui ont eu le courage de proposer au travers de leur candidature leur bienveillance, leur discernement et leur envie chevillée au corps de sauver la France des périls extrêmes qui la menacent.

Ceux là seront parfois difficiles à déceler dans le tourbillon électoral qui n’a d’yeux que pour les extrêmes mais il est simple et nécessaire, tant collectivement qu’individuellement, que nous nous donnions cette peine pour faire survivre l’esprit de notre République.

Il faut voter pour des candidats susceptibles de rassembler suffisamment de suffrages pour être en capacité de figurer au second tour et de gagner.

Dans les trois circonscriptions audoises, et n’en déplaise à tous les extrémistes dont je souhaite la défaite, l’analyse est très simple pour se convaincre du fait que Jean Claude Perez sur la une, Christine Breyton sur la deux, Sylvie Sorel-Lestin ou Philippe Andrieu sur la trois (sous réserve que ce dernier sache s’affranchir du joug NFP) remplissent ces conditions et incarnent les valeurs constructives et humanistes dont la République a besoin étant précisé qu’Aurelien Torcheto, qui aurait très bien pu faire partie du lot, voit sa candidature tardive littéralement happée par le combat mené par les dirigeants nationaux du PS qui ont préféré se brader à Melanchon pour une candidature honteuse de Poutou contre l’avis de certains élus locaux qui auraient mieux gouté de tout miser sur ceux qui connaissent, aiment et défendent notre territoire.

Il est juste regrettable, en cette période gravissime, et au risque de diluer les voix utiles pour figurer en bonne place au second tour, que ceux qui ont des objectifs communs n’aient pas su se parler avant au nom du seul rassemblement qui vaille, celui qui consiste à préserver notre République et ses valeurs.

Aux urnes Citoyens !