A cette question que se posent toutes les femmes et tous les hommes politiques de notre pays ces jours ci, si on me demandait mon avis, en tant que simple citoyen, je serais tenté de dire sans hésitation : oui et non.


S’il s’agit de solder au sens d’arrêter ou de clore cette histoire insensée, on ne peut qu’y être favorable.


Mais pour autant, doit on solder notre représentation communale au sens de mettre en solde, céder au rabais et dans la précipitation ? Assurément non.


Nous avons en effet déjà tellement attendu que nous ne sommes finalement plus trop pressés.


Plus de deux mois se sont écoulés depuis le 1er tour des élections et l’esprit de la loi électorale ne sera jamais réhabilité puisque le second tour a lieu normalement le dimanche qui suit le premier et que les listes, fusionnées ou pas, doivent être déposées en préfecture le mardi soir au plus tard précédent le second tour, ce qui ne permet qu’aux unions saines, et donc uniquement aux fusions qui tombent sous le sens, de se réaliser.


En l’occurrence, et même s’ils n’auront pas pu se réunir ces derniers temps autour d’une table au restaurant, les candidats poursuivants auront eu cette année un délai considérable entre les deux tours pour tenter de tisser des liens avec d’autres listes qui ne se seraient pas liés si le temps avait été, comme le prévoit la loi, restreint à 48 heures.


Nous sommes déjà loin du compte et cela fausse nécessairement la donne comme fausse également la donne le taux d’abstention anormalement élevé constaté le 15 Mars et encore prévisible le 28 Juin non pas en raison d’un désintérêt de nos concitoyens pour la chose publique et la gestion de leur commune à laquelle ils tiennent tant mais juste parce qu’ils se sentent confrontés à un problème majeur qui consiste à essayer de se préserver, ainsi que leurs proches, de la maladie provoquée par le COVID dont on sait qu’elle mène à l’étouffement puis parfois, et en tout cas trop souvent, jusqu’à la mort.


Il n’est pas saugrenue de penser que cette difficulté, qui nous inquiète tous, apparaît pour l’instant à la majorité d’entre nous, à juste titre, d’un intérêt supérieur à l’élection du maire de nos communes.


Bien heureux les citoyens qui ont su élire au premier tour dès le 15 Mars dernier leurs maires et conseilleurs municipaux qui sont sur le point d’être installés.


Ils sont plus de 30.000 en France et en Outre Mer et cela permet de solder les élections municipales dans 85 % des communes du pays.


Dans les 15 % de villes restantes, surement parce qu’il s’agit des plus grandes communes, celles d’ailleurs qui sont le plus touchées par le virus, il faudrait tourner la page au plus vite, solder, brader… mais pourquoi ?


En effet, comment justifier, alors que nous sommes encore sous le coup d’une loi qui établi l’urgence sanitaire et que sont encore interdites toutes les rencontres sportives, même à huit clos, que nous puissions envisager d’appeler à la hâte près de 48 millions de français à se rendre aux urnes d’ici un mois.

Conscient de la difficulté, le comité scientifique qui règle notre sort depuis plus de deux mois, a tout de même donné un avis favorable pour la tenue du deuxième tour au 28 Juin 2020 mais, excusez du peu en matière d’élection, sans campagne électorale préalable…


Certains élus, surement impatients d’être reconduits dans leurs fonctions, vont jusqu’à demander un changement de régime applicable aux procurations pour qu’un électeur puisse notamment en recevoir plusieurs afin, bien entendu, de préserver nos plus anciens sujets pendant que les plus jeunes iraient au carton et au passage bourrer les urnes…


A ce stade, nous ne sommes plus dans le registre braderie mais plutôt dans la liquidation totale.


Cela est insensé et d’autant plus que les programmes présentés par les candidats jusqu’à la veille du premier tour ne tiennent forcément pas compte de la pandémie que nous traversons.


Sans être totalement obsolètes, les programmes devraient à minima pouvoir être amendés ne serait ce que pour envisager, au sein de nos communes, ce que pourra et devra être le monde qui nous attend demain.


Sur le plan pratique, à l’instar de ce que nous vivons depuis le début de la crise du COVID, nous naviguons à vue en pleine tempête avec des maires-capitaines qui ont tous au moins six années d’expérience et qui travaillent sans limite pour protéger leurs concitoyens.


Voilà qu’il faudrait maintenant que nous allions voter dans un mois pour donner la chance à de jeunes premiers qui se jetteraient à l’eau et prendraient la barre communale dans l’œil du cyclone, faisant ainsi leurs premières armes sur les dents acerbes du fourbe COVID.


Quel entraineur, alors que son équipe vient d’égaliser, à un partout, et à 3 minutes de la fin de la rencontre et des probables prolongations ou penalties à suivre, sortirait du terrain Zidane, Messi et Mbappé pour les remplacer par trois joueurs de réserve qui se livreraient à leur premier match officiel…


La seule « bonne raison » que j’ai pu entendre qui justifierait que nous votions le 28 Juin prochain réside simplement dans la réponse à l’enjeu économique et plus spécialement dans l’idée de relancer sans attendre les marchés publics des villes et des communautés de communes qui sont figés alors qu’ils représentent une partie non négligeable de l’économie puisqu’il s’agit de 50 % des commandes publiques dans le secteur du bâtiment représentant 1,2 % du PIB.

Mais que vaut cet argument lorsqu’on découvre si près d’ici aujourd’hui ou ailleurs demain, un foyer du virus avec 30 personnes testées positives…

Les personnes contaminées ou susceptibles de l’être doivent elles aller voter en scaphandre ou seront elles exclues des bureaux de vote ?


Pour éviter cette folie et cette paralysie, il est en effet urgent de solder cet épisode mais plutôt que de convoquer les français aux urnes à la hâte, il s’agit de décider que les maires élus au premier tour sont définitivement élus, ce qui est le cas pour 85 % des villes et villages de France et d’autre part, pour les autres communes en attente d’un dénouement, de prolonger les mandats des maires en poste et en les maintenant dans leurs fonctions jusqu’au prochain scrutin qui pourrait avoir lieu sur deux tours, soit en Janvier 2021, soit plus tard en 2021 en même temps que les élections départementales et régionales.


Voila qui répondrait à l’impératif qui consiste à solder rapidement la question des élections municipales tout en maintenant une légitimité aux maires en place qui auront pour première responsabilité de continuer la besogne en contribuant à la relance de l’économie locale et surtout en continuant d’assurer le suivi du chantier COVID dans lequel, malgré l’intervention inopportune dans les médias de moult spécialistes qui ne sont sûrs de rien, on ne voit pas encore très clair.